
doi: 10.3917/vst.097.0026
Dans le denouement d’un telefilm « en costumes » diffuse sur France 2 en decembre 2009, Louis-Dominique Bourguignon, alias Cartouche, « bandit magnifique » du temps de la Regence, echappe miraculeusement – au regard de ce que nous dit l’Histoire – au supplice de la roue pour s’en aller couler des jours paisibles dans les « Indes »... Une fiction, et qui plus est une fiction qui se veut historique, a-t-elle le droit, au nom de la liberte d’inventer et de creer, de ne pas respecter une trajectoire personnelle transformee en destin ? Peut-on, notamment, changer la fin, modifier le denouement d’une vie, moment capital qui donne sens a toute une existence, pour le seul plaisir fictionnel de faire une « belle fin » ? A priori, « la fin d’un recit d’histoire, programmee du dehors, ne peut etre inventee » (Claude Duchet)... Dans ces conditions, pourquoi et au nom de quoi, le realisateur Henri Helman et ses scenaristes se sont-ils sentis degages de toute servitude face a « la bonne vieille verite des faits » (Yannick Haenel) ? Bien entendu, s’interroger ainsi sur cette strategie des fins, c’est convoquer inevitablement une foule de questions complexes, auxquelles on ne saurait se soustraire sans avoir toutefois l’ambition de les epuiser : quel(s) rapport(s) la fiction et la realite historique doivent-elles entretenir ? Que signifie la verite historique ? Comment et pourquoi lit-on/regarde-t-on de la fiction, et singulierement de la fiction historique ?C’est une reponse « pragmatique », inspiree notamment des travaux de Jean-Marie Schaeffer, que cet article tente de proposer ici, a partir de trois hypotheses majeures que nous avons soumises au realisateur lors de l’entretien qu’il a bien voulu nous accorder en 2011 sur ses intentions et celles de la chaine concernant ce telefilm. Nous examinons successivement les contraintes en matiere de programmation et de format ainsi que les promesses en termes de genre televisuel qui ont pu peser dans le choix de ce denouement proprement inoui afin de faire en sorte que les productions televisuelles soient jugees « du double point de vue de leur genealogie causale (comment sont-elles produites ?) et de leur usage (comment sont-elles utilisees, comment fonctionnent-elles ?) » et pas seulement « dans un questionnement quant a leur verite » (Jean-Marie Schaeffer).
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