
La Polynésie française, collectivité d’outre-mer située dans le Pacifique sud à 17 100 km de Paris et habitée par 280 000 personnes, est composée de 118 îles dont 76 habitées réparties sur 5 archipels. Son organisation territoriale et en particulier son offre de soin se caractérise par une hyperconcentration dans l’île principale où vit 77% de la population. Au centre de cette organisation, l’île de Tahiti concentre les infrastructures les plus élevées (niveau tertiaire) avec le Centre hospitalier de Polynésie Française (CHPF). Au niveau secondaire, six établissements constituent les relais à l’échelon des chefs-lieux des archipels. Enfin, dans le reste des îles, médecins, infirmiers, agents de santé ou communaux assurent le niveau élémentaire des soins dans des “postes de santé”. Dans un territoire s’étendant sur un carré de plus de 2000 kilomètres de côté et caractérisé par de fortes inégalités en matière d’offre entre Tahiti et les îles peu peuplées et/ou éloignées, par un renouvellement répété du personnel médical et para-médical reposant souvent sur des contrats de courte durée ; par des difficultés de recrutement en raison du manque d’attractivité de la Polynésie, a fortiori dans les îles isolées ; et enfin, par des crises économiques (Leca A., 2010) et épidémiques (COVID 19) affectant les budgets depuis plusieurs décennies, la question de l’accès aux soins, en particulier primaires, est un enjeu central pour les populations. Reposant sur l’analyse de l’évolution de l’offre de soins (2010-2022), des registres des évacuations sanitaires d’urgence (2010-2018), ainsi que sur des entretiens qualitatifs menés avec des professionnels de santé aux îles Marquises et aux îles Australes, l’objectif de cette communication est de montrer en quoi l’organisation des soins en Polynésie repose sur l’hyper-circulation de l’offre et de la demande de soin. Si le fort turn-over du personnel médical peut être perçu comme un élément venant dégrader la qualité des soins, nous faisons l’hypothèse que cette flexibilité des emplois associée à la forte circulation des personnels est la condition de leur présence sur ces territoires isolés. En parallèle de cette circulation de médecins et d’infirmières semi-sédentaires (séjournant plus de deux semaines), s’opère une circulation des spécialistes en tournée et des patients en évacuation sanitaire, avec des séjours de très courte durée. Cette seconde forme de circulation permet de pallier les manques liés aux besoins spécifiques (spécialités concentrées à Tahiti voire en France hexagonale), mais aussi à la discontinuité de l’offre de soins de base dans ces territoires isolés (en cas de non-pourvoi d’un poste sur place). In fine, cette hypermobilité des professionnels du soin et des patients garantissent des ancrages multi situés, à la fois dans la centralité urbaine et dans les îles rurales périphériques. Pas seulement une contrainte, cette hypercirculation est donc aussi perçue comme une ressource, elle garantit de fait la pérennité du système de soins.
ACCESS_TO_HEALTH_CARE, FRENCH_POLYNESIA, FRENCH_OVERSEAS_DEPARTMENTS_AND_TERRITORIES, HEALTH_SERVICES, HEALTH
ACCESS_TO_HEALTH_CARE, FRENCH_POLYNESIA, FRENCH_OVERSEAS_DEPARTMENTS_AND_TERRITORIES, HEALTH_SERVICES, HEALTH
| selected citations These citations are derived from selected sources. This is an alternative to the "Influence" indicator, which also reflects the overall/total impact of an article in the research community at large, based on the underlying citation network (diachronically). | 0 | |
| popularity This indicator reflects the "current" impact/attention (the "hype") of an article in the research community at large, based on the underlying citation network. | Average | |
| influence This indicator reflects the overall/total impact of an article in the research community at large, based on the underlying citation network (diachronically). | Average | |
| impulse This indicator reflects the initial momentum of an article directly after its publication, based on the underlying citation network. | Average |
