S’appuyant sur le fait que la musique et la chanson des jeunes peuvent être abordées comme lieu d’expression de leur identité et de leur conception du monde, l’auteur se penche sur le rapport au temps des jeunes Roumains. L’analyse des chansons démontre que les jeunes sont en proie à une schizophrénie identitaire, incapables d’utiliser le passé et l’avenir pour donner sens au présent. Contrairement à d’autres générations plus optimistes qui se projettent positivement dans l’avenir capitaliste, les jeunes sont coincés dans le présent, incapables de concevoir leur avenir, tout comme c’était le cas sous le régime de Ceaucescu. Les trois segments du temps — le passé, le présent et l’avenir — ne sont jamais reliés les uns aux autres. Malgré le nouveau contexte politique et social de liberté et de démocratie, les jeunes demeurent pessimistes, parce qu’ils doutent sérieusement du système et des dirigeants. Cette situation est envisagée simultanément comme un effet de la transition et comme un héritage du régime communiste. Une lueur d’espoir se manifeste toutefois, puisque l’intégration de la Roumanie aux structures de l’économie mondiale, qui prend forme notamment dans le domaine de la chanson, permet d’envisager la guérison des jeunes Roumains.
Young people’s songs and music can be seen as the places where their identity and understanding of the world are expressed. This article addresses young Romanians’ relationship with time. Analysis of their songs shows that these young people are in the grip of an identity schizophrenia, incapable of using either the past or the future in order to make sense of the present. Whereas other more optimistic generations projected themselves positively into the future, these young people are trapped in the present, incapable of envisaging their future, just as they had been under the Ceaucescu regime. The three segments of time — the past, the present and the future — are never related to each other. Despite the new social and political context of freedom and democracy, young people remain pessimistic; they have serious doubts about the new System and its leaders. This situation can be seen both as an effect of the transition period and as a legacy of the communist regime. There is a glimmer of hope, however: the integration of Romania into the structures of the global economy, which is happening notably in the musical domain, allows us to foresee the healing of Romanian youth.